L’assignation identitaire, la pire des prisons

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Suite à la publication de mon billet précédent relatif à un navet (« Opération Portugal ») qui sera à l’affiche au cinéma en décembre, je vais parler d’un véritable fléau : l’assignation identitaire.

Qu’est-ce que c’est l’assignation identitaire ? C’est une prison. C’est une injonction à rester dans son rang, à ne pas faire des vagues, à adopter le comportement que l’on attend de nous et, surtout, ne pas prétendre atteindre une place qui ne nous serait pas destinée. L’assignation identitaire peut avoir plusieurs formes : elle peut être ethnique, sexiste ou sociale. Lorsqu’on essaie, à l’école, d’acheminer un enfant d’immigrés vers les filières professionnelles (alors qu’il/elle veut suivre le cursus général), ça, c’est de l’assignation identitaire. Quand une personne issue d’un milieu modeste fait des études, bénéficie de l’ascenseur social et, malgré tout, continue d’être vue comme un enfant de maçon/femme de ménage/ouvrier, etc., bref, un/e moins que rien, ça aussi, c’est de l’assignation identitaire. Et que dire d’une femme qui, malgré son parcours de vie, subit le fameux plafond de verre qui l’empêche de s’épanouir professionnellement ? Il s’agit, encore une fois, de l’assignation identitaire.

Voilà ce que c’est l’assignation identitaire. Un sparadrap qu’on nous colle, ou pire encore, un tatouage infâme, comme ceux des déportés dans les camps de concentration nazis. L’assignation identitaire écrase et déshumanise les individus, car elle les réduit à des symboles, à des catégories, tout en brisant leurs rêves. Bref, tais-toi, reste dans ton rang, surtout ne bouge pas, reste là où tu es.

En ce qui me concerne, j’ai eu de la chance, car mes parents, qui n’ont pas pu faire des études puisqu’ils étaient pauvres, ont lutté pour que mes sœurs et moi puissions étudier et dépasser notre condition sociale. Je suis née au Portugal, je suis petite-fille de paysans et de petits-artisans et fille d’un charpentier et d’une femme de ménage. C’est loin d’être une honte, car ce sont des honnêtes gens qui ont travaillé dur pendant toute leur vie et n’ont jamais fait de mal à personne. Cependant, je ne suis pas que cela et je ne veux pas être assignée ni à la condition sociale de mes parents et grands-parents, ni à ma nationalité. Mon parcours, mon expérience de vie m’ont ouvert des frontières physiques et mentales, qui dépassent largement ma famille, le pays où je suis née et mon pays d’adoption. Ceci dit, je n’ai pas l’obligation de correspondre aux étiquettes qu’on essaie de me coller dessus. Je n’ai pas non plus l’obligation de me conformer aux normes sociales et de faire ce qu’on attend de moi. Ma vie m’appartient et j’en fais ce que je veux.

C’est pourquoi je dénonce, encore une fois, des films comme « Opération Portugal » : ils veulent nous imposer, à nous, Portugais en France, une assignation identitaire, comme si nous n’avions pas de rêves, ni d’ambitions, comme si nous ne pouvions être autre chose que ces images d’Épinal tellement fausses, tellement mensongères qui circulent à propos de nous. Cependant, beaucoup de Portugais en France acceptent cette assignation identitaire, alors qu’ils ont fait des études et ont bénéficié de l’ascenseur social. Pourquoi ? C’est un mystère pour moi.

L’assignation identitaire est une prison, surtout mentale. Cependant, cela n’a rien d’inéluctable. Osons la liberté, cherchons-la, n’ayons pas peur de tout bousculer pour la trouver.

Chaque individu vaut plus et mieux que toutes les prisons identitaires, toutes les étiquettes qu’on essaie de lui coller dessus. Comme disait l’écrivain Mozambicain Mia Couto, chaque homme est une race.

NB: Cet article a été initialement publié sur le blog de l’auteur http://lettreslusitanie.canalblog.com/archives/2020/10/14/38590382.html le 14 octobre 2020

Signez la pétition : Non à ceux qui voudraient instrumentaliser l’histoire de l’immigration portugaise !

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[et_pb_row admin_label= »row »]
[et_pb_column type= »4_4″][et_pb_text admin_label= »Text »]Ces derniers jours, plusieurs personnes nous ont manifesté leur soutien à la tribune publiée dans lemonde.fr (voir la tribune sur notre site)
Nous les remercions très chaleureusement.

L’obligation de faire vite, pour éviter que l’actualité qui s’emballe à un rythme trépidant n’empêche la publication de cette tribune, et les contraintes des publications de tels textes dans lemonde.fr ont réduit le nombre de signataires possibles.

Ainsi, nous avons également pris l’initiative de placer notre tribune sur le site change.org pour que tous ceux qui se retrouvent dans ce texte puissent le soutenir.

N’hésitez pas à faire circuler ce lien https://www.change.org/p/hugo-dos-santos-non-%C3%A0-ceux-qui-voudraient-instrumentaliser-l-histoire-de-l-immigration-portugaise

A vos signatures et merci d’avance !

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Bidonville de Champigny : « Nous nous opposons à l’instrumentalisation de notre histoire et de nos mémoires »

Bidonville de Champigny par Gerald Bloncourt

Avec d’autres Français d’origine portugaise et des immigrés Portugais vivant en France, certains membres de l’association Mémoire Vive ont signé une tribune parue dans Le Monde pour protester contre l’instrumentalisation de l’histoire du bidonville de Champigny-sur-Marne.

Ces manipulations sont à la fois un manque de respect vis-à-vis de la vérité historique, de l’histoire des immigrés portugais en France et de ce qu’ils ont vécu et sont des armes xénophobes que nous ne pouvons pas accepter.

Si vous vous retrouvez dans cette tribune, que nous avons reproduit ci-dessous, n’hésitez pas à la diffuser ! Lien à partager

Une pétition a également été lancée https://www.change.org/p/hugo-dos-santos-non-%C3%A0-ceux-qui-voudraient-instrumentaliser-l-histoire-de-l-immigration-portugaise

La tribune a également été relayée au Portugal https://www.publico.pt/2018/01/10/sociedade/noticia/portugueses-contra-instrumentalizacao-da-historia-da-emigracao-para-franca-1798858

Ni bons ni mauvais: réponse à ceux qui voudraient instrumentaliser l’histoire de l’immigration portugaise

Il n’est pas rare de s’entendre dire que les immigrés portugais en France ne font pas d’histoires. D’une manière générale, cette immigration sert aujourd’hui d’exemple à ceux qui cherchent à mettre en avant une stratégie d’«intégration réussie», voire à mettre en avant une figure de «bon» immigré, un peu comme un professeur désignerait le chouchou de la classe.

Les incidents qui se sont déroulés à Champigny-sur-Marne le réveillon du Nouvel An ont été instrumentalisés en ce sens par le journaliste du Figaro Alexandre Devecchio, l’universitaire Laurent Bouvet et le journaliste Benoît Rayski. S’appuyant sur un article du Parisien, daté du 21 juin 2015, le premier déclare sur Twitter que «Champigny était le plus grand bidonville de France. Plus de 10.000 Portugais y vivaient dans la boue. Pas d’eau, pas d’électricité, etc. Et pas de violence, ni association pour crier au racisme. Qui peut dès lors nier la désintégration française?».

Cette allusion prétendument historique est reprise deux jours plus tard par Laurent Bouvet sur le plateau de «28 minutes» d’Arte, lors d’un débat portant sur la laïcité. Voulant démontrer que, de nos jours, le «problème des banlieues» ne serait plus seulement «social», il invoque les bidonvilles portugais où il «n’y avait pas de relations de violence». Enfin, sur le site Atlantico.fr, Benoît Rayski reprend ce même article du Parisien pour, également, opposer des populations immigrées et/ou issues de l’immigration. Selon lui, parmi les descendants de Portugais «aucun d’entre eux n’a appris à détester la France» mais «après eux d’autres populations sont venues».

Nous, immigrés et Français descendants d’immigrés portugais, nous ne pouvons tolérer ces affirmations et ceci pour deux raisons principales.

D’abord, s’il y a un bon élève, il y a forcément un mauvais élève. Et celui que l’on pointe du doigt est en l’occurrence, celui qui n’est pas «blanc» et/ou «chrétien». Nous comprenons évidement les allusions sans finesse de ces journalistes. En effet, nous avons pris l’habitude d’être instrumentalisés pour jeter la pierre sur d’autres populations jugées par certains comme inassimilables.

Dans les années 1980, le sociologue Albano Cordeiro (1) a mis en avant dans ses travaux la dynamique sociale qui consistait à invisibiliser l’immigration portugaise au profit d’une mise à l’index des immigrés maghrébins. Autrement dit, plus les «Arabes» devenaient indésirables, plus les Portugais devenaient invisibles et donc «intégrés». Ces immigrations sont donc liées depuis toujours, comme les deux faces d’une même monnaie, unies par le même mépris exprimé par une partie de la société d’accueil. Elles ont d’ailleurs été mise en concurrence depuis le départ. Rappelons que c’est pour freiner l’immigration algérienne que le gouvernement de Georges Pompidou ferme les yeux sur la venue clandestine de centaines de milliers de Portugais dans les années 1960-1970, fuyant la misère, la dictature et les guerres coloniales. A la figure de «l’Arabe» s’ajoutent aujourd’hui celle des Roms, des Africains subsahariens et des réfugiés fuyant les conflits du Proche-Orient.

D’autre part, les affirmations sur le bidonville portugais de Champigny-sur-Marne sont tout simplement fausses et non vérifiées. Il serait pourtant facile de se référer aux travaux de chercheurs l’ayant étudié. Si ces manipulateurs de l’Histoire pointent du doigt les misérables conditions de vie, ils oublient que lorsque ce bidonville a été médiatisé, en 1964, il avait fait l’objet d’une «humanisation» (2): raccordement à l’électricité, installation de points d’eau, collecte des ordures. Autant de rafistolages alors refusés aux bidonvilles où vivaient les Maghrébins. Un traitement différentiel, déjà.

Devecchio, Bouvet et Rayski nient toute «relations de violence» au sein du bidonville portugais. Relégués dans des espaces stigmatisés, de nombreux Portugais de l’époque ont souffert – et souffrent encore tant cette mémoire est difficile ou refoulée – d’une violence symbolique.
Violence exercée par les marchands de sommeil qui jouaient de la peur des travailleurs d’être dénoncés à la police politique portugaise dont ils suspectaient la présence d’informateurs en leur sein. Violence également de l’arbitraire qui présidait aux relogements par les autorités qui ne tenaient pas en compte la volonté des habitants de rester à proximité de leur emploi ou de leurs proches.

Face à ces relogements, certains ont résisté silencieusement, allant vivre dans un autre bidonville ou un autre taudis. D’autres protestaient, comme les habitants de Massy qui occupèrent temporairement la Mairie en 1970. Et, contrairement à l’image aseptisée que l’on colle aux Portugais, les autorités craignaient leurs réactions. Des forces de l’ordre étaient présentes à chaque opération de résorption, de peur de débordements.

Les travailleurs portugais ont eux aussi souffert du rejet de certains voisins qui se plaignaient de ces étrangers et exigeaient des autorités «l’intervention des forces de police (…): que le code civil soit respecté à Champigny». L’Histoire du bidonville de Champigny est donc bien plus complexe qu’on a voulu nous faire croire.

De plus, cette volonté de présenter les Portugais comme des gens sans histoires induit une injonction tacite: celle d’exister sans Histoire, voire sans mémoire. Nous ne pouvons l’accepter.

Quelle est notre Histoire? De quoi nous souvenons-nous? Des années de boue, évidemment, lorsque des dizaines de milliers de Portugais sont entassés dans des bidonvilles.

Sans papiers, ces immigrés ont cherché à survivre en travaillant où on leur en laissait la possibilité. Les métiers dont les Français ne voulaient plus leur étaient tout désignés: femmes de ménage, ouvriers du bâtiment, concierges, etc.

La clandestinité, l’exploitation, les bidonvilles, le racisme: nous avons vécu toutes ces expériences, comme les subissent les immigrants africains d’hier et d’aujourd’hui, à des degrés plus intenses. «La violence» dont parle Alexandre Devecchio c’est celle qu’on nous a fait subir hier et celle qu’on inflige aujourd’hui aux nouveaux arrivants qui fuient eux aussi la misère, des régimes oppresseurs et des guerres.

Enfin, rappelons que si certains d’entre nous ont choisi le silence, si rassurant dans une société qui tend à oublier la xénophobie exercée autrefois contre les Italiens, Espagnols ou Polonais, les immigrés portugais se sont aussi révoltés contre leurs conditions de vie en France, au grand dam des patrons français, des autorités et du régime de Salazar.

Nous pourrions ici évoquer la figure de Lorette Fonseca, une immigrée portugaise engagée dans l’alphabétisation du bidonville de Massy et qu’on a voulu expulser parce qu’elle aidait ses compatriotes à faire valoir leurs droits.

Nous pourrions également parler d’António da Silva. Cet ouvrier spécialisé de Renault Boulogne-Billancourt s’est battu contre les circulaires Marcellin-Fontanet en 1972-1973, le premier mouvement dit des «sans-papiers». L’arrêté du Conseil d’État qui annule plusieurs dispositions de ces circulaires porte son nom.

Qui se souvient de la participation active d’immigrés portugais à Convergence 84, une marche antiraciste qui s’est inscrite dans la continuité de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, qualifiée par les médias français de «Marche des Beurs»? Son arrivée à Paris avait été accueillie par des dizaines de milliers de manifestants de tous les horizons.

Nous nous souvenons de tous ces épisodes de révolte et de combat comme de beaucoup d’autres. Certains ont un peu marqué les esprits, d’autres beaucoup moins. La plupart sont malheureusement inconnus de la société française qui a gommé l’Histoire de ses immigrés. Or, en oubliant l’Histoire de ceux qui ont reconstruit le pays et continuent de le construire, on travaille à sa «désintégration».

Pour toutes ces raisons, nous nous opposons publiquement à l’instrumentalisation de notre Histoire et de notre mémoire qui font également partie de l’Histoire de France. Ces manipulations ne cherchent qu’à renforcer le racisme qui frappe aujourd’hui certaines populations stigmatisées, de la figure du «Musulman» à celle du «Rom». Le slogan de la marche de Convergence 84 était «La France, c’est comme une mobylette, pour qu’elle avance, il lui faut du mélange». Le slogan reste toujours d’actualité.

(1) Sociologue et économiste spécialiste des questions migratoires

(2) Terme alors employé par l’administration

Liste des signataires de la tribune :

Victor Pereira, maître de conférences

Hugo dos Santos, journaliste

Daniel Matias, journaliste

Artur Silva, journaliste

José Vieira, réalisateur

Albano Cordeiro, sociologue et économiste

Mickaël Cordeiro, chargé d’études

Irene Pereira, sociologue

Irène dos Santos, chargée de recherche CNRS/anthropologue

Marie-Christine Volovitch-Tavares, historienne

Manuel Tavares, pédopsychiatre

Graça dos Santos, professeure des universités

Manuel Antunes da Cunha, sociologue des médias

José Pinto, ancien administrateur CGT du FASIL-ACSE

Maria Maranhão-Guitton, avocat au barreau de Paris

António Topa, poète

Clara Domingues, traductrice

Mickaël Robert-Gonçalves, historien du cinéma

Octávio Espírito Santo, directeur de photographie

Rose-Marie Nunes, photographe

Christopher Pereira, professeur d’histoire-géographie

Josélia Martins, chef d’équipe en entreprise

Carlos Rafael, professeur de portugais, retraité

Elisabeth de Albuquerque, professeur des écoles et directrice d’école maternelle en ZEP

Maryse de Albuquerque, professeur de français, retraitée

Manuela de Albuquerque, enseignante, retraitée

Maria Alves, secrétaire-comptable

Manuel Pereira, enseignant retraité

Elsa Bernardo, professeur de lettres

Anne-Marie Esteves, consultante

Cândida Rodrigues, chargée de production

Carlos Ribeiro, journaliste

Jérémie de Albuquerque, chef de projet informatique

Pedro Fidalgo, gardien d’immeuble et cinéaste

Angela Pereira, femme de ménage, retraitée

Jorge Valadas, ancien déserteur de l’armée coloniale portugaise, électricien

Nuno Martins, électricien, responsable syndical à la CGT/RATP

João Fatela, directeur de service social, retraité

João da Fonseca, éducateur spécialisé, retraité

José Barros, directeur d’établissement médico-social, retraité

Isabel da Cunha, directrice hospitalité

Manuel Gregório, formateur d’adultes et conseiller en bilans de compétence

Vasco Martins, formateur, retraité

Ludivine Privat, travailleuse sociale

Faustine Leuiller, accompagnante d’élèves en situation de handicap

Isabelle Segrestin, orthophoniste

Luciana Gouveia, responsable associative

Luísa Semedo, enseignante universitaire et responsable associative

Ilda Nunes, professeur de portugais et responsable associative

SE DEFAIRE DE SES ARCHIVES – REFLEXIONS –

Ceci est la version complète de l’intervention d’Albano Cordeiro à la journée de présentation du fonds d’archive créé par notre association à la BDIC, le 6 juin 2017.

 

Il se peut que le fait de se défaire de documents divers et variés que l’on a accumulé pendant sa vie active, provienne principalement du sentiment que leur mise au rebut constituerait une perte pour l’évolution des connaissances dans les domaines sur lesquels porte la documentation en question.

Dans mon cas, j’ai eu à constituer et ensuite à conserver une documentation extrêmement variée dans différents domaines. Cette réalité résulte, d’une part de ma trajectoire au long de ma vie universitaire et militante, et, d’autre part, de mon itinérance par divers espaces géographiques.

La diversité de mes archives reflète le fait que j’ai vécu en quatre espaces géographiques et socio-culturels différents. Il s’agît du Mozambique, du Portugal, de l’Italie et de la France. A cette liste l’on pourrait encore ajouter le Luxembourg, où j’ai fait plusieurs séjours dont un de six mois, pour des raisons professionnelles. A cela il faut ajouter la documentation sur des thèmes concernant les migrations internationales, donc sur d’autres espaces

En ce qui concerne l’immigration portugaise en France, je me suis particulièrement orienté vers le mouvement associatif local portugais, le mouvement associatif de migrants le plus important que la France a connu. Dans ce cadre, je défends l’analyse de la dite « invisibilité des portugais » issue d’un comportement de discrétion généralisé dans le milieu portugais, interprété comme étant dû à une capacité d’intégration facile dans la société française. Cette « invisibilité » et cette « facilité d’intégration » contrastaient avec la « visibilité » des immigrants d’origine maghrébine en particulier. Il s’agît ici d’une visibilité issue d’une familiarité avec les institutions françaises (issus de pays anciennement colonisés par la France) et d’un contentieux historique pas complètement résorbé lié aux luttes pour les indépendances de ces pays.

Les longs séjours dans ces espaces ont laissé leur trace dans l’inventaire de la documentation déposée. Pour ce qui concerne le dépôt en cours dans la BDIC  de Nanterre, il ne concerne que la France et en particulier l’immigration portugaise.  Mais la documentation accumulée sur plus de 40 ans concerne le Mozambique, l’Italie, la France et le Luxembourg. La production écrite par moi-même et celle avec d’autres auteurs), articles et autres publications (y inclus des DVD), font également partie de la documentation.

Ceci indépendamment des documents et œuvres diverses relatives à des questions idéologiques, principalement sur le débat sur la démocratie, sujet toujours d’actualité et sur lequel j’ai travaillé longtemps (articles, dans une grande variété de revues et autres publications, ouvrages collectifs). De même avec le sujet de la « Nouvelle  Citoyenneté » (basée sur la résidence, donc sur l’idée du «Vivre Ensemble»),  développé en articles et ouvrages. Ajoutons le thème de la « citoyenneté collective », applicable aux acteurs collectifs des sociétés, et répondant aux exigences d’une démocratie participative, tandis que la « citoyenneté individuelle » est elle propre à la démocratie représentative.

En ce qui concerne les thèmes politiques, la documentation recueillie touchait une grande variété de sujets, seulement une petite partie fut sélectionnée pour la donation, entre autres pour des raisons de langue.

  1. QU’EST-CE QUE ME LIE AU MOZAMBIQUE ?

Je dis Mozambique -et particulièrement Maputo (ex-Lourenço Marques)- mais pourquoi?

Parce que ce fût là que j’ai ouvert les yeux sur le monde qui m’entourait, en sortant de l’enfance et c’est dans ce monde là, pendant l’adolescence, que je me suis construit. J’ai donc développé un sentiment d’appartenance au monde connu là-bas.

Pas facile dans une société coloniale. Multiples situations de peur, réelles ou supposées, structurent les individus.

Du fait de ma fréquentation de milieux de gens attachés à des idées de gauche, j’ai adhéré à l’idée d’indépendance politique du pays, issue logique pour sortir des peurs et construire un avenir pour tous. J’ai suivi les luttes qui allaient dans ce sens et qui se développaient alors dans les pays africains.

J’ai eu la chance de sortir exempté de l’examen d’entrée à l’armée. Cela s’est passé 4 ans avant le déclenchement de la guerre coloniale. Quittant le Mozambique pour faire des études universitaires au Portugal, je m’engage progressivement dans la lutte pour l’indépendance des colonies et je deviens responsable dans l’Association des Étudiants des Colonies Portugaises (C.E.I.), en tant que Secrétaire Général de la section de cette association à l’Université de Porto.

Avec d’autres militants pour l’indépendance des colonies, lorsque que la guerre coloniale est déclenchée en Angola (1961), je prends l’exile pour joindre les mouvements nationalistes des colonies portugaises et pour reproduire à l’extérieur l’Association des Étudiants des Colonies Portugaises. Celle-ci (UGEAN) est créée en 1961 à Rabat. Je ferais partie de la commission d’organisation du  2ème   Congrès de l’UGEAN tenu à Rabat (1962). 

Je suis revenu sur le terrain, au Mozambique bien d’années après, En 1994, j’ai été Observateur International, pour l’Union Européenne, aux premières élections présidentielles et législatives libres tenues au Mozambique. Pour la Ligue Mozambicaine des Droits Humains (LMDH), j’ai été encore Observateur aux élections de 1999 et 2009.

L’ITALIE

Comme d’autres étudiants des colonies portugaises exilés à Paris en 1961, j’ai obtenu via le Conseil Mondial des Eglises, et en particulier, la CIMADE, une bourse pour poursuivre les études à Rome.

Pendant le séjour à Rome (5 années), j’ai poursuivi mes contacts avec les étudiants des colonies portugaises, en tant que membre de l’UGEAN (voir ci-dessus). J’ai été amené à avoir des relations militantes avec le PCI (Parti Communiste Italien) dans le cadre de la mise en relation avec des leaders du mouvement nationaliste des colonies portugaises et en particulier du Mozambique.

J’ai participé aux mouvements étudiants, principalement à la grève de 1965 et celle de fin février 1967 (manifestation Valle Giulia, fac architecture de Rome).

J’ai cherché à suivre la production d’idées politiques dans les mouvements minoritaires de jeunes. J’ai ainsi suivi Lotta Continua e Potere Operaio. J’ai aussi eu des contacts, plus tard, des contacts sporadiques avec les Brigate Rosse. Ces mouvements je les ai suivis même après mon installation à Grenoble (fin 1966). Dans les premières années de l’installation à Grenoble, j’allais, de temps à autre, le week-end, à Turin pour suivre l’action militante de Lotta Continua particulièrement centrée sur des ouvriers de FIAT.

Dans les années 80, cette expérience me mène à établir des relations amicales avec Oreste Scalzone (leader étudiant italien très connu) qui se réfugie en France à cette époque.

FRANCE

Mes premiers travaux professionnels d’économiste sociologue ont porté sur les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants algériens en France. J’approfondissais par ailleurs d’autres aspects touchant la diversité de la migration économique.

J’ai vécu pleinement les événements de 1968 à l’Université des Sciences Humaines de Grenoble, en m’associant avec le mouvement étudiant local émergeant suite aux grandes manifestations d’étudiants de Paris début Mai 68. Ce mouvement réussit à prendre le bureau de l’UNEF à une direction d’influence trotskyste. C’est le « Mouvement du 10 Mai » , connu comme les «Codacs » et qui a poursuivi son action militante sur une bonne partie de l’année 1969.

Bien qu’inséré -en tant que migrant moi-même- dans le mouvement associatif local et national portugais, je n’aborderais ce sujet comme thème de recherche que dans la période qui suit le coup d’état du 25 Avril 1974. Alors, spontanément et en quelques jours je produis un petit rapport sur le mouvement associatif local qui fût envoyé ensuite au Secrétaire d’État aux Communautés immigrées du gouvernement formé après le coup d’état.

Cette participation aux luttes d’étudiants et de soutien aux luttes ouvrières (présence dans les manifestations d’ouvriers grévistes de plus en plus isolés), a été probablement à l’origine d’un arrêté d’expulsion du territoire qui m’a été communiqué oralement par le directeur de mon institut de recherche. Quelques heures après cette annonce, je passais la frontière avec l’Italie, où je me suis réfugié pendant un mois. Le retour a pu néanmoins avoir lieu, l’arrêt d’expulsion n’ayant pas été mis à exécution.

Huit ans plus tard, ayant déposé une demande de naturalisation française, j’ai eu la surprise de recevoir un refus. J’ai fini par l’avoir, quelques années après. La gauche mitterrandienne avait accédé au pouvoir et j’ai mis au courant de ma demande le responsable de la Commission Immigration du PS, ainsi que le directeur du Fonds d’Action Social (FAS). Le Ministre de l’Intérieur, Gaston Deferre, m’a averti que ma demande serait examinée (dossier « naturalisation » dans les archives déposées).

Dans les années 80 – années pendant lesquelles le Portugal mène une politique plus ouverte envers les communautés émigrées – en France, avec un gouvernement dominé par le PS, le mouvement associatif local des Portugais se développe et prend des proportions nouvelles avec des échanges bien plus importants que dans la décennie précédente. Le SPAC (Service d’Aide aux Communautés), intégré dans les services consulaires, facilite le lien entre dirigeants associatifs actifs et dynamiques. Des groupes de jeunes, issus le plus souvent des groupes folkloriques crées dans les associations de leurs parents, créent des groupes musicaux ou/et de danse.

C’est dans ce contexte qu’est crée le CEDEP (Collectif d’études et de Dynamisation de l’Émigration Portugaise), en 1982. Le CEDEP a réuni des dirigeants associatifs, des chercheurs et animateurs d’associations et ONG françaises, y inclus la Pastorale des Migrants, et des membres du SPAC, à titre individuel. Le membre fondateur le plus engagé fut Manuel Dias, son premier président. José Vieira, après son engagement dans Convergence 84 Pour l’Égalité (1984), a été l’animateur du CEDEP préparant une exposition de photographies sur l’immigration portugaise (1985).

Une des raisons qui ont amené à la création du CEDEP fût la prise de conscience d’un certain isolement du mouvement associatif portugais en France. Cet isolement était partiellement dépassé dans le cas de dirigeants associatifs (peu nombreux) plus ou moins proches de certaines structures sociales (telles que des partis politiques, église catholique ou mouvements antifascistes radicaux). Le CEDEP a cherché des liens avec des structures officielles ayant trait à l’immigration (FAS en particulier), ainsi qu’aux structures militantes (fédérations associatives de migrants, ONG). C’est dans ce cadre que le CEDEP a participé activement au CAIF (Conseil des Associations Immigrés de France), particulièrement dynamisé par des associations maghrébines.

Les premières années 80 sont témoins de l’émergence d’actions culturelles publiques, plus ou moins visibles, portées par des portugais de France. Signalons le Collectif d’action culturelle « Centopeia », constitué de jeunes, qui prend l’initiative d’organiser et de participer à des expositions publiques, des débats, théâtre, cinéma, et autres actions culturelles militantes pour faire connaître leur communauté1.

Dans la suite de l’action de l’association de jeunes Cap Magellan émerge une Coordination des Collectivités Portugaises de France (CCPF), qui mènera diverses activités parmi lesquelles des Rencontres annuelles de Lusodescendants.

« Convergence 84 pour l’égalité », après la dite Marche des Beurs (1983), a été une initiative dans laquelle des jeunes portugais – alliés à des jeunes d’origine maghrébine, d’origine française et avec une fraction des marcheurs de l’année précédente – ont un rôle déterminant, en particulier dans l’organisation des trajets à mobylette qui devaient converger vers Paris. Hélas, les médias, en général, «n’ont pas vu» la participation portugaise, et la thématique de la valorisation de la diversité ethnique française a été abandonnée en cours de route. C’est l’antiracisme qui a été repris en changeant ainsi l’orientation générale prise au départ de la mobilisation.

Cette péripétie est venue renforcer l’analyse donnant aux immigrés portugais la qualité d’ »invisibles ». Cette «invisibilité» se présentait ici sur un aspect négatif : leurs initiatives au sein de la société française passaient inaperçues.

 

REFERENCES

Blog : https://blogs-mediapart.fr/albano-cordeiro/blog

bibliographie de Albano Cordeiro (in Cairn.info) :

– Une conception alternative de l’immigration en Europe

Dans Les Lois de l’inhospitalité (La Découverte, 1997)

Premières lignes https://www.cairn.info/biblio.php?id_numpublie=DEC_FASSI_1997_01&id_article=DEC_FASSI_1997_01_0235

Articles de revues

 

Les Portugais et les marches de 1983 et 1984Les dessous de la manipulation raciste de l’opinion publique distinguant des communautés “visibles” et “invisibles”

Dans Migrations Société 2015/3 (N° 159-160)

Premières lignes  https://www.cairn.info/biblio.php?id_numpublie=MIGRA_159&id_article=MIGRA_159_0171

 

Vous avez dit « Démocratie réelle » ?

Dans Multitudes 2014/1 (n° 55)

Résumé Version HTML Version PDF https://www.cairn.info/biblio.php?id_numpublie=MULT_055&id_article=MULT_055_0203

 

Convergence 84 : retour sur un échec

Dans Plein droit 2005/2 (n° 65-66)

Résumé Version HTML Version PDF https://www.cairn.info/biblio.php?id_numpublie=PLD_065&id_article=PLD_065_0059

 

Le va-et-vient des Portugais en Europe

Dans Revue Projet 2002/4 (n° 272)

Résumé Version HTML Version PDF https://www.cairn.info/biblio.php?id_numpublie=PRO_272&id_article=PRO_272_0063

ouvrages collectifs

  1. CORDEIRO, (1997). “A communauté portugaise aujourd’hui”, communication inaugurale du

colloque “Portugais de France, citoyens de l’Europe: état des lieux et avenir” (3 avril 1993), in

Actes des Assises de la Communauté Portugaise de France”, éd. ACAP.

  1. CORDEIRO, (1997). “Une conception alternative de l’immigration en Europe”, in D. FASSIN,

Alain MORICE et Catherine QUIMINAL, “Les lois de l’inhospitalité – les politiques de

l’immigration à l’épreuve des sans papiers”, La Découverte/essais, pp. 235/248.

  1. CORDEIRO, (1999). “Les Portugais, une population “invisible ?”, in “Immigration et intégration

– l’état des savoirs”, La Découverte/ Textes à l’appui, pp. 106/111.

articles de revues (avec comité de rédaction)

  1. CORDEIRO, (1997). Responsabilité de la préparation d’un numéro d’Hommes & Migrations sur l’immigration portugaise en France, n° 1210, novembre-décembre 1997.
  1. CORDEIRO, (1999). “Les apports de la communauté portugaise à la diversité ethno-culturelle

de la France”, in Hommes & Migrations, n° 1210, nov-déc. 1999, pp.5/17.

A. CORDEIRO et M. A. Hily (2000). « La fête des portugais : héritage et invention », in Revue

Européenne des Migrations Internationales, 2000 (16), pp. 59/76.

articles (revues diverses)

A . CORDEIRO, (1999). “Dans 10-15 ans – Que adviendra-t-il de l’identité des Portugais de

France?” in Latitudes, revue franco-portugaise, mai 1999.

A. CORDEIRO, (1999). “Le Portugal entre émigration et immigration – le Portugal et les défis d’une

société pluriculturelle ”, éditorial et coordination de numéro thématique de la revue Migrance,

édition Mémoire-Génériques n° 15, troisième trimestre 1999.

1 «Le Collectif Centopeia regroupe des jeunes issus de l’immigration portugaise. Notre démarche est de promouvoir de nouvelles pratiques culturelles, aider à naitre de nouvelles sources d’information, a fin que circulent et changent les idées ; notre but est d’influer sur la société française, pour que s’y affirment et s’y mélangent de manière toujours plus riche ses diverses composantes culturelles. Notre activité est «multimédia» (écrit, expression radiophonique, audio visuel, bande dessinée, etc.). » – extrait de la brochure « Thos : chuchotements dans l’arrière-cour », publication du Collectif Centopeia, 64 p., 1985.  

Qui commente le site de Mémoire Vive / Memória Viva ?

L’association Mémoire Vive / Memória Viva est régulièrement sollicitée par email, téléphone, message facebook et même par commentaires sur notre site. Nous publions aujourd’hui un florilège de ces commentaires qui donnent le ton des témoignages et des demandes que nous pouvons recueillir, et par là même l’intérêt général de notre association.


Bonjour, je viens de faire cours à xxx qui m’a parlé de ce que vous faites. Mes parents sont immigrés et cette histoire touche beaucoup notre famille. Quelles sont vos prochaines conférences et avez-vous une liste des conférences données.
Merci


1954. Mes parents d’origine bretonne, mon frere et moi(4 ans) avons habité 3 rue des Violettes , pas loin de l’igloo jaune, qui servait de patronage. Les igloos étant en fibrociment épais de 8mm, l’hiver, le lait gelait dans la carafe, faisant éclater le verre; ma mère mettait le bloc de lait gelé dans la casserole afin de déjeuner avant le départ pour l’école, le clos d’ambert ;Pas d’éléctricité, une cuisiniere à charbon qu’il fallait recharger au milieu de la nuit. certains matin, je pouvait gratter le givre formé sur la parois contre notre lit. 7 ans dans ces conditions.puis un logement hlm en 1961 à blanc mesnil. l’appel de l’abbé Pierre nous a permis d’être invité dans des familles en hiver et aussi en été à la ferme. C’était chouette.


Boa tarde,
Desde já muito obrigado pelo vosso tempo e pela vossa dedicação a nossa historia.
O meu nome é xxx ,sou filho e neto de emigrantes que foram a salto para a França nos anos 60 e 70.
Gostaria de saber os caminhos que o meus avós e a minha mãe percorram quando foram a salto mas infelizmente já não lhes posso perguntar.
Gostava de saber o sitio mais ou menos exacto onde é que os emigrantes da zona norte e do Minho passavam a fronteira Espanhola a salto e onde e qual o comboio que apanhavam em Espanha que os levava até Irun.
Não sei se me podem ajudar mas agradeço na mesma por tudo o que fazem.


Caros compatriotas,

Havera ainda alguem com memoria viva de uma visita feita por Mario Soares (antes de ser famoso)num memoravel domingo aos portugueses do entao bidonville existente em Champigny-sur-Marne na primeira metade de 1966? Alias, apos o almoco em familia houve alguem que o levou algures para ver a famosa mesa de Jean Jaures… Eu, que entao era estudante, fui um dos dois portugueses que o acompanharam na visita. Encontro-me no processo de escrever um testemunho por ocasiao da sua morte e gostaria de ter uma ideia mais precisa acerca da data exacta da visita.  Parabens pelo vosso laudavel iniciativa da Memoria-Viva! As minhas saudacoes e agradecimentos por qualquer possiver ajuda neste topico.


Se por um lado é louvável o trabalho e a dedicação dos imigrantes portugueses, bem como a sua imagem de « bom trabalhador ». O cliché de « maçon » ou de « femme de ménage » acaba por dificultar o acesso dos portugueses, com habilitações académicas mais elevadas, no mercado de trabalho. É demasiado redutor associar os portugueses e Portugal apenas às profissões referidas, associação que cria, muitas vezes, situações discriminatórias.
Seria importante apostar na imagem dos portugueses e das portuguesas, que não são apenas bons « maçons » e femmes de ménage » », são também bons médicos, professores, engenheiros, enfermeiros, juristas,gestores, etc. A nova imigração portuguesa, que chega à França, é diferente da que chegou nos anos 60 e 70.


j ai habiter ce camp de 1964 a 1969 on payai notre loyer au pere josef pres du cathechisme dans un igloo deux ohambres et le grad salon rue jule ferry ecole le clos d ember monsieur miller nous demenager pour 5 ans une cite de la joie plessis trevisse et encore une cite emmaus a aulnay sous bois une vie grande detresse pour mes parent mais moi j ai mes souvenirs


comité du soutien des déserteurs. Je me souviens encore dans les années 70, dans la maison de l’ allemagne ( aujourd’hui maison henri heine) à la cité universitaire, nous étions trés liés avec les camarades portugaises autour de xxx, qui ont accueilli les déserteurs .


Caros Srs., procuro o filme « O salto » de Christian de Chalonge. tenho muito interesse em visualizá-lo mas não o encontro em nenhum lado. Será que me podem ajudar? Obrigada.


Também fui desertor em 1963. Fui a salto no dia da inspeção militar. Ainda tenho algumas recordações; ex: Mala de cartão da m/ primeira viagem de comboio. Vivi em Grenoble e acompanhei muitas atividades dos camaradas Xê, Tino Flores e outros…


Queridos primos,
em primeiro lugar tenho de pedir disculpa para escrever (e falar) como um francês. Ningem nunca falou português a casa. Hà mais ou menos 10 anos, fui no Instituto Camões em Paris afim de saber como se diz « bonjour » na lingua dos meus avos. No inicio, a profesora achou : aqui esta um idiota, ou um mentiroso compulsivo o que não sou. Finalmente, obtinha um « Certificado 2°modulo, com a classificação de : bom » !
Mais, je vais arrêter le massacre, et m’exprimer en français. En fait, je suis tombé sur votre site un peu par hasard, et cela tombe bien puisque j’aimerais (depuis longtemps) effectuer un reportage sur une immigration portugaise qui visiblement n’intéresse plus grand monde.
Pourtant, il s’agit des pionniers, de ceux qui à la fin de années 1920 sont partis, en laissant derrière eux tout ce qu’ils avaient. S’ils revenaient aujourd’hui, ils seraient sans doute effarés d’apprendre que les gosses des immigrés retournent au village, pour les vacances.
Mais, là n’est pas le problème. En fait, je cherche à entrer en contact avec xxx qui a consacré une thèse à ces portugais qui sont venus en France pour travailler dans l’industrie textile, dans le nord de la France. Son travail me permettrait de m’appuyer sur des chiffres, et sur des faits qui méritent sans doute davantage qu’un reportage de 52 minutes. J’aimerais, aussi, adresser un mail à Madame Volovitch-Tavares qui sera, peut-être, intéressée par ma démarche.
Autrement dit, si vous pouvez m’aider, ne vous gênez-pas !
Eu sou o neto de xxx e de xxx. E em 1928 quando eles decidavam ir se embora. Eram naturais de pequenos aldeias que fazem parte da freguesia da Covilhã.
Tenho 61 anos. Sou journalista. Não gosto da bandeira portuguesa (prefiro a branca com a cruz azul), não gosto do fado (so gosto do fado quando crianças cantarem), não sei quem é Vasco da Gama ( so conhece Gil Eanes), não gosto do vinho do Porto (so gosto o de Alentejo, onde nunca fui).
Bref, je suis français.
Merci pour votre aide. Ajuda… e boa sorte a todos.


where can i buy or download this movie-documentary ?


Bonjour,
Où peut on se procurer le film svp, il est très difficile de le trouver!
Merci d’avance


Bonjour,
nous organisons un festival littéraire les 20 et 21 septembre 2014 à Ivry sur Seine, et il se trouve que nous prévoyons 3 débats sur le Portugal (parmi plus de 30 rencontres).
Nous serions heureux que vous puissiez relayer l’information. A qui dois-je écrire ?
Le réalisateur Pedro Fidalgo, dont nous montrerons le film « Changer de vie » m’a inviter à contacter xxx…
Merci de votre réponse.


À Associação Memória Viva

Pedido de divulgação

FILMES DO HOMEM – Festival de Documentário de Melgaço, organizado pela Câmara Municipal de Melgaço e pela Associação AO NORTE, pretende promover e divulgar o cinema etnográfico e social, refletir com os filmes sobre identidade, memória e fronteira, e contribuir para um arquivo audiovisual sobre a região.
O tema FILMES DO HOMEM 2014 é a Emigração portuguesa para França.
Agradecemos a divulgação desta iniciativa.


j’aimerais retrouver Ilda Santos avec qui j’ ai travailler a Weinfelden Suisse , dans les annees 90 . merci.


La musique de ce film est de Luis Cilia.


Je ne pourrai pas assister à la présentation du livre, j’en suis désolé mais j’espère le lire un jour, ça doit être instructif !


fascinant et bien écrit
j ai reconnu beaucoup de moments de mon existence dans ce récit
j aimerais connaitre d avantage sur Ilda, l auteure
tels que son age quand est elle arrivée en France, ce quelle est devenue
Merci


je recherche CARLOS rencontré au BAL LE CYRANO rue de la ROQUETTE à PARIS en 1970 il venait avec son ami JEAN et moi avec MARIE si qqu’un le reconnaît faites moi signe il doit avoir dans les 63 ANS merci par avance


bonjour,
merci de nous informer de la possibilité d’acheter en DVD le dernier film de José Veira, le pain que le diable a pétri
à très vite

Se défaire de ses archives par Albano Cordeiro

Ce texte correspond à la transcription de l’intervention du sociologue Albano Cordeiro lors de la remise de ses archives à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), le 19 juin 2017. Ces archives font désormais du fonds Mémoire Vive/Memória Viva, qui rassemble des documents de nature diverses (archives personnelles, presse immigrée, documentation, archives militantes, entretiens ) sur l’Histoire de l’immigration portugaise.

Il se peut que le fait de se défaire de documents divers et variés que l’on a accumulé pendant sa vie active, provienne principalement du sentiment que leur mise au rebut constituerait une perte pour  l’évolution des connaissances dans les domaines sur lesquels porte la documentation en question.

Dans mon cas, j’ai eu à constituer et ensuite à conserver une documentation extrêmement variée dans différents domaines. Cette réalité résulte, d’une part de ma trajectoire au long  de ma vie universitaire et militante, et, d’autre part, de mon itinérance par divers espaces géographiques.

La diversité de mes archives reflète le fait que j’ai vécu en quatre espaces géographiques et socio—culturels  différents. Il s’agît du Mozambique, du Portugal, de l’Italie et de la France. A cette liste l’on pourrait encore ajouter le Luxembourg, où j’ai fait plusieurs séjours dont un de six mois, pour des raisons professionnelles. A cela il faut ajouter la documentation sur des thèmes concernant les migrations internationales.

En ce qui concerne l’immigration portugaise en France, je me suis particulièrement orienté vers le mouvement associatif local portugais, le mouvement associatif de migrants le plus important que la France a connu. Dans ce cadre, je défends l’analyse de la dite « invisibilité des portugais » issue d’un comportement de discrétion généralisé dans le milieu portugais, interprété comme étant dû à une capacité d’intégration facile dans la société française. Cette « invisibilité » et cette « facilité d’intégration » contrastaient avec la « visibilité » des immigrants d’origine maghrébine en particulier. Une visibilité issue d’une familiarité avec les institutions françaises (issus de pays anciennement colonisés par la France) et d’un contentieux historique pas complètement résorbé lié aux luttes pour les indépendances de ces pays.

Les longs séjours dans ces espaces ont laissé leur trace dans l’inventaire de la documentation  déposée. Pour ce qui concerne le dépôt en cours dans la BDIC  de Nanterre, il ne concerne que la France et en particulier l’immigration portugaise.  Mais la documentation accumulée sur plus de 40 ans concerne le Mozambique, l’Italie, la France et le Luxembourg. La production écrite propre (moi-même et avec d’autres auteurs), articles et autres publications (y inclus des DVD) font également partie de la documentation.

Ceci indépendamment des documents et œuvres diverses relatives à des questions idéologiques, principalement  sur le débat sur la démocratie, sujet toujours d’actualité et sur lequel j’ai travaillé longtemps (articles, dans une grande variété de revues et autres publications, ouvrages collectifs). De même avec le sujet de la « Nouvelle  Citoyenneté » (basée sur la résidence, donc sur l’idée du «Vivre Ensemble»),  développé en articles et ouvrages. Ajoutons le thème de la « citoyenneté collective », applicable aux acteurs collectifs des sociétés, et répondant aux exigences d’une démocratie participative, tandis que la « citoyenneté individuelle » est-elle- propre à la démocratie représentative.

En ce qui concerne les thèmes politiques, la documentation recueillie touchait une grande variété de sujets,  seulement une petite partie fut sélectionnée pour la donation, entre autres pour des raisons de langue.

QU’EST-CE QUE ME LIE AU MOZAMBIQUE ?

Je dis Mozambique –et particulièrement Maputo (ex-Lourenço Marques) –  pourquoi ?

Parce que ce fût là que j’ai ouvert les yeux sur le monde qui m’entourait, en sortant de l’enfance, Et c’est dans ce monde là, pendant l’adolescence, que je me suis construit. J’ai donc développé un sentiment d’appartenance au monde connu là-bas.

Pas facile dans une société coloniale. Multiples situations de peur, réelles ou supposées, structurent les individus. 

Du fait de ma fréquentation de milieux de gens attachés à des idées de gauche, j’ai adhéré à l’idée d’indépendance politique du pays, issue logique pour sortir des peurs et  construire un avenir pour tous. J’ai suivi les luttes dans ce sens qui se développent alors dans les pays africains.

J’ai eu la chance de sortir exempté de l’examen d’entrée à l’armée. Cela s’est passé 4 ans avant le déclenchement de la guerre coloniale. Quittant le Mozambique pour faire des études universitaires au Portugal, je m’engage progressivement dans la lutte pour l’indépendance des colonies et je deviens responsable  dans l’Association des Etudiants des Colonies Portugaises (C.E.I.), en tant que Secrétaire Général de la section de cette association à l’Université de Porto. 

Avec d’autres militants pour l’indépendance des colonies, lorsque que la guerre coloniale est déclenchée en Angola (1961), je prends l’exil pour rejoindre les mouvements nationalistes des colonies portugaises et pour reproduire à l’extérieur l’Association des Etudiants des Colonies Portugaises. Celle-ci (UGEAN) est créée en 1961 à Rabat. Je ferais partie de la commission d’organisation du 2ème Congrès de l’UGEAN tenu à Rabat (1962). 

Je suis revenu sur le terrain, au Mozambique bien d’années après, En 1994, j’ai été Observateur International, pour l’Union Européenne, aux premières élections présidentielles et législatives libres tenues au Mozambique. Pour la Ligue Mozambicaine des Droits Humains (LMDH), j’ai été encore Observateur aux élections de 1999 et 2009.

L’ITALIE

Comme d’autres étudiants des colonies portugaises exilés à Paris en 1961, j’ai obtenu via le Conseil Mondial des Eglises, et en particulier, la CIMADE, une bourse pour poursuivre les études à Rome.

Pendant le séjour à Rome (5 années), j’ai poursuivi mes contacts avec les étudiants des colonies portugaises, en tant que membre de l’UGEAN (voir ci-dessus). J’ai été amené à avoir des relations militantes avec le PCI (Parti Communiste Italien) dans le cadre de la mise en relation avec des leaders du mouvement nationaliste des colonies portugaises et en particulier du Mozambique.

J’ai participé aux mouvements étudiants, principalement à la grève de 1965 et celle de fin février 1967 (manif Valle Giulia, fac architecture de Rome).

J’ai cherché à suivre la production d’idées politiques dans les mouvements minoritaires de jeunes. J’ai ainsi suivi Lotta Continua  e Potere Operaio, ainsi que, plus tard, les Brigatte Rosse. Ces mouvements je les ai suivis même après mon installation à Grenoble (fin 1966). Dans les premières années de l’installation à Grenoble, j’allais, de temps à autre, le week-end, à Turin pour suivre l’action militante de Lotta Continua auprès des ouvriers de FIAT.

Dans les années 80, cette expérience mène à établir des relations amicales avec Oreste Scalzone (leader étudiant italien très connu) qui se réfugie en France à cette époque.

FRANCE

Mes premiers travaux professionnels d’économiste sociologue ont porté sur les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants algériens en France. J’approfondissais par ailleurs d’autres aspects touchant la diversité de la migration économique.

J’ai vécu pleinement les évènements de 1968 à l’Université des Sciences Humaines de Grenoble, en m’associant avec le mouvement étudiant local émergeant suite aux grandes manifestations d’étudiants de Paris début Mai 68. Ce mouvement réussit à prendre le bureau de l’UNEF à une direction d’influence trostkyste qui a poursuivi des luttes encore sur l’année 1969.

Bien qu’inséré – en tant que migrant moi-même – dans le mouvement associatif local et national portugais, je n’aborderais ce sujet comme thème de recherche que dans la période qui suit le coup d’état du 25 Avril 1974. Alors, spontanément et en quelques jours je produis un petit rapport sur le mouvement associatif local qui fût envoyé ensuite au Secrétaire d’Etat aux Communautés immigrées du gouvernement formé après le coup d’état.

Cette participation aux luttes d’étudiants et de soutien aux luttes ouvrières (présence dans les manifestations d’ouvriers grévistes), a été probablement à l’origine d’un arrêté d’expulsion du territoire qui m’a été communiqué oralement par le directeur de mon institut de recherche. Quelques heures après cette annonce, je passais la frontière avec l’Italie, où je me suis réfugié pendant un mois. Le retour a pu néanmoins avoir lieu, l’arrêt d’expulsion n’ayant pas été mis à exécution.

Huit ans plus tard, ayant déposé une demande de naturalisation française, j’ai eu la surprise de recevoir un refus. J’ai fini par l’avoir, quelques années après. La gauche mitterrandienne avait accédé au pouvoir et j’ai mis au courant de ma demande le responsable de la Commission Immigration du PS, ainsi que le directeur du Fonds d’Action Social (FAS). Le Ministre de l’Intérieur, Gaston Deferre, m’a averti que ma demande serait examinée (dossier « naturalisation » dans les archives déposées).

Dans les années 80 – années pendant lesquelles le Portugal mène une politique plus ouverte envers les communautés émigrées – en France, avec un gouvernement dominé par le PS, le mouvement associatif local des Portugais se développe et prend des proportions nouvelles avec des échanges bien plus importants que dans la décennie précédente. Le SPAC (Service d’Aide aux Communautés), intégré dans les services consulaires, facilite le lien entre dirigeants associatifs actifs et dynamiques. Des groupes de jeunes, issus le plus souvent des groupes folkloriques crées dans les associations de leurs parents, créent des groupes musicaux ou/et de dance.

C’est dans ce contexte qu’est créé le CEDEP (Collectif d’Etudes et Documentation de l’Emigration Portugaise), en 1982. Le CEDEP a réuni des dirigeants associatifs, des chercheurs et animateurs d’associations et ONG françaises, y inclus la Pastorale des Migrants, et des membres du SPAC, à titre individuel. Le membre fondateur le plus engagé fut Manuel Dias, son premier président. José Vieira, après son engagement dans Convergence 84 Pour l’Egalité (1984), a été l’animateur du CEDEP préparant une exposition de photographies sur l’immigration portugaise (1985).

Une des raisons qui ont amené à la création du CEDEP fût la prise de conscience d’un certain isolement du mouvement associatif portugais en France. Cet isolement était partiellement dépassé dans le cas de dirigeants associatifs (peu nombreux) plus ou moins proches de certaines structures sociales (telles que des partis politiques, église catholique ou mouvements antifascistes radicaux). Le CEDEP a cherché des liens avec des structures officielles ayant trait à l’immigration (FAS en particulier), ainsi qu’aux structures militantes (fédérations associatives de migrants, ONG). C’est dans ce cadre que le CEDEP a participé activement au CAIF (Conseil des Associations Immigrés de France), particulièrement dynamisé par des associations maghrébines.

CONVERGENCE 84 POUR L’EGALITE, après la dite Marche des Beurs (1983), a été une initiative dans laquelle des jeunes portugais – alliés à des jeunes d’origine maghrébine, d’origine française et avec une fraction des marcheurs de l’année précédente – ont un rôle déterminant, en particulier dans l’organisation des trajets à mobilette qui devaient converger vers Paris. Hélas, les médias, en général, «n’ont pas vu» la participation portugaise, et la thématique de la valorisation de la diversité ethnique française a été abandonnée en cours de route. C’est l’antiracisme qui a été repris en changeant ainsi l’orientation générale prise au départ de la mobilisation .

Cette péripétie est venue renforcer l’analyse donnant aux immigrés portugais la qualité d’«invisibles ». Cette «invisibilité» se présentait ici sur un aspect négatif : leurs initiatives au sein de la société française passaient inaperçues.

 

 

« Enquête au Portugal », de José Alvès

José Alves - Enquête au Portugal« Enquête au Portugal », de José Alvès (Edilivre, 2015) commence par une réunion de travail à la Préfecture de police de Paris, au cours de laquelle le commissaire Albano et ses collègues se penchent sur une affaire peu banale et complexe du fait de ses implications politiques : à la suite d’un simple contrôle technique, en juillet 1972, on a retrouvé le corps du père Aníbal, originaire de Castro Laboreiro, coulé dans un gros pilier d’un immeuble en construction dans le 15è arrondissement de Paris. Cet assassinat est un choc pour le commissaire Albano, qui connaissait la victime, étant lui-même né à Castro Laboreiro, petit bourg du nord du Portugal qu’il a quitté avec ses parents à l’âge de sept ans, pour venir s’installer en France. Ainsi, dans le cadre d’Interpol, l’enquête va le conduire au pays de ses origines, où il devra tenir compte des soubresauts d’une dictature agonisante. Par ailleurs, fait atypique, à chaque fois que la situation exige une concentration extrême, le commissaire Albano, sans aucun signe annonciateur, tombe en catalepsie. En reprenant ses esprits il acquiert alors une énergie et une lucidité étonnantes.

« Enquête au Portugal » est une intrigue fort bien élaborée, aux rebondissements multiples, écrite dans un style soigné et agréable, dont une poésie se dégage parfois, accompagnée d’un humour fin. Outre la beauté descriptive des paysages et la richesse documentaire (histoire, vie rurale, la PIDE, l’Église, l’émigration, etc.) on appréciera notamment les portraits physiques et psychologiques des personnages, dont celui de la figure centrale, le commissaire Albano, policier bienveillant et profondément humain.

José Alvès est né en 1941, au nord du Portugal. En 1948, toute sa famille émigre dans le Cotentin. Il fréquente alors l’école communale et joue avec ses camarades dans les ruines de la ville de Coutances où peu de bâtiments étaient encore debout. Après avoir été professeur de français dans l’enseignement secondaire, puis  de portugais à l’université de Poitiers, José Alvès a été aussi Conseiller culturel à l’ambassade de France au Mozambique.

« Parfums de vie et de liberté / Perfumes de vida e de liberdade », de Manuel Dias Vaz

En ces moments où l’on commémore la liberté durement conquise face au nazisme mais où l’avenir politique de l’Europe, après les élections, semble vaciller face aux replis nationalistes, la lecture de ce livre de mémoire, de témoignage et de poésie de Manuel Dias Vaz est sans doute opportune. Car à travers son travail, son militantisme et ses luttes au sein de l’immigration, Manuel Dias Vaz a consacré une grande partie de son existence au combat pour les droits et contre toutes les formes de discrimination. Son engagement se poursuit encore aujourd’hui, singulièrement à travers sa lutte en faveur de la mémoire et du rôle joué par le consul portugais Aristides de Sousa Mendes, le Juste, durant la 2e Guerre mondiale.

Manuel Dias Vaz, né au Portugal, est arrivé en France en 1964, fuyant le salazarisme et les guerres coloniales. Il a dirigé et a travaillé au sein de très nombreux organismes publics et associations, parmi lesquels le FASILD (Fonds d’aide et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations), la FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés), le CLAP (Comité de liaison pour l’alphabétisation et la promotion) ; il a été membre fondateur de la CNHI (Cité nationale de l’histoire de l’immigration) et actuellement il préside le Rahmi (Réseau aquitain histoire et mémoire de l’immigration). Signalons encore que Manuel Dias Vaz a coordonné la publication récente de l’ouvrage « La communauté silencieuse : mémoires de l’immigration portugaise » et qu’il est titulaire d’un doctorat en Sociologie.

« Parfums de vie et de liberté » (éd. Quatorze, 2011) est constitué en grande majorité de poèmes, écrits soit en français soit en portugais. Exprimant les sentiments et les révoltes, les espérances et les rêves de son auteur, ces textes sont organisés en quatre grandes parties : « Fragments de mémoire de l’immigration », « Germes d’espoir », « Graines d’espérance » et « Le prix de la liberté et l’importance de l’amour ».

Dominique Stoenesco

“O Caminho da liberdade”, de Álvaro Morna

Levantei-me de madrugada, naquela manhã de agosto, dia marcado para a partida. Queria assistir ao romper da manhã do meu último dia em Lisboa. Ouvir os ruídos da cidade e o fervilhar das gentes nas ruas. O céu, ainda de um azul-pálido, ia arrecadando as estrelas mais renitentes. Dentro em breve tudo ficaria para trás, tudo se diluiria numa memória, como nuvens dispersas pelo vento.”

É assim que Álvaro Morna conta o primeiro dia da sua fuga e exílio para a França, 10 de agosto de 1963, a fim de evitar a mobilização para a guerra colonial, uma guerra que ele achava estúpida e desumana, como todas as guerras: “Decidi nessa altura desertar. Antes tinha estado preso um ano, já por razões políticas, numa prisão militar em Penamacor”. Nascido no Porto em 1940, A. Morna passou a juventude em Leiria. Exilou-se e após o 25 de Abril regressou a Portugal, mas acabou por voltar a França novamente, tendo iniciado a carreira de jornalista nos anos 80, na Radio France-Internacional. Foi ainda correspondente do Diário de Notícias, da Lusa e da Rádio Renascença.

Ao escrever “O caminho da liberdade” (ed. Gradiva, 2004), A. Morna quis deixar o seu testemunho vivido no tempo da ditadura. Uma ideia que germinava no seu espírito há muito tempo, mas que uma doença grave veio acentuar a urgência de o escrever. Álvaro Morna faleceu alguns meses depois, em maio de 2005, em Paris. No prefácio, o autor escreve: “Ao contar, com todo o rigor, a minha história, foi para mim uma forma de contar também milhares de outras histórias vividas pelos jovens portugueses que recusaram partir para uma guerra que contrariava o curso da História.”

Álvaro Morna revela-se neste livro como um escritor de pleno direito, com uma grande força narrativa, evitando os efeitos literários e o romanescos, mas não desprovido de emoções, de poesia e de humor, como ao contar a sua segunda noite em Paris, 24 de agosto, debaixo de uma das pontes do Sena, com uma grande folha do Le Figaro a servir-lhe de cobertor, a ele, militante comunista…

Dominique Stoenesco

Ni héros ni escrocs : les passeurs portugais (1957-1974)

L’image stigmatisée du passeur escroc que brandissaient les autorités salazaristes comme un épouvantail rejoint parfois celle qu’en donnent certains gouvernants aujourd’hui. Boucs émissaires bien pratiques, ces passeurs n’étaient en réalité ni des héros désireux de libérer les Portugais de la dictature, ni des escrocs sans scrupules. Ils représentaient une sorte de passage obligé pour ceux qui voulaient aller chercher ailleurs une vie meilleure.

Lire l’article sur http://www.gisti.org/spip.php?article1922

Source : Article extrait du Plein droit n° 84, mars 2010 « Passeurs d’étrangers »