M.G. Philipp – Mille et une voix, n° 6 : Portugal Algarve, Paris, Magnard, Collection Lis tout d’ici et d’ailleurs, 1988

Extrait :

« C’est quoi, les bidonvilles ?

Une ville faite de tôles, avec des toits en tôle ; j’y suis resté cinq ou six ans. La vie en bidonville, si on la compare à maintenant, était très pénible. En hiver, il faisait froid, parfois il pleuvait dans la maison. Il y avait beaucoup de rats. Pour aller faire les commissions ou aller au marché, il fallait beaucoup marcher à pied et revenir chargé. Pour l’eau, il fallait aller à la fontaine avec les bidons, les porter à la main ou les mettre sur une charrette.

 

Et toi, tu allais chercher de l’eau ?

Oui, moi, j’allais chercher de l’eau : c’était une fontaine, on tournait la manivelle et de l’eau en sortait. En hiver, l’eau gelait : pour l’empêcher de geler, on avait trouvé un système : on mettait une cale et l’eau coulait sans s’arrêter. C’était dur ! En été, ça allait : il faisait beau, on s’amusait entre copains. Mais en hiver, il faisait froid, il fallait se chauffer au charbon. Certains hivers, j’ai vu beaucoup de travailleurs immigrés mourir à cause du gaz que le charbon laissait échapper. Les gens ne connaissaient pas ce chauffage. Ils se couchaient le soir pour se réchauffer, dormaient, mais le lendemain, ne se réveillaient pas ; les tuyaux de poêle avaient laissé échapper les gaz : on les retrouvait blancs.

De Nanterre, je suis venu à la cité, au n° 5 route du Port, la première cité qui était juste à côté de l’école et qui a été entièrement démolie pour le passage de l’autoroute. Comme j’étais marié, j’ai eu un autre logement au n° 9, avant d’habiter maintenant à l’école. » (p. 18-20)

Observations :

« 1001 voix élaborées dans le cadre d’une démarche interculturelle par des enfants, des parents, des personnes de rencontre et des enseignants, proposent aux jeunes lecteurs une confrontation avec des personnes réelles d’origines culturelles diverses dont ils découvriront les réalités. Supports d’information et de formation interculturelle, ils constituent des médiations pour ouvrir la classe à la perception de sa propre réalité pluriethnique et multiculturelle, contribuant ainsi à créer un nouvel espace de communication. » Ils inciteront les enfants à élargir et diversifier leurs références, à attribuer du sens à leur expérience, à vivre en toute légitimité leurs diverses appartenances, à construire des références communes, enfin à rechercher dans leur propre environnement les ressources éducatives qu’il recèle. » (note de l’auteur). Dans le numéro 6 de cette série, Monsieur José Carusca, homme d’entretien à l’école fréquentée par les élèves de la cité du Port de Gennevilliers, raconte son itinéraire à Habiba, Abdelkrim, Ahmed, Akheila, Djamel, Faouzi, Kamel, Latifa, Malika, Mimoun, Miloud, Mohamed, Mounir, Sonia, Soraya, élèves de CE2-CM. Les enfants découvrent ainsi une autre manière de vivre propre à une culture et à un contexte économique et social différent, ainsi que les difficultés qu’il lui a fallu résoudre pour vivre, travailler, s’insérer. Un échange riche et vrai.

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